BABEUF, COMMISSAIRE A TERRIER

François Noël, dit Camille, BABEUF est le premier communiste de l'histoire de France. Né en 1760, à Saint-Quentin, il est commissaire à terrier avant la Révolution Française, plus précisement archiviste feudiste du Vermandois. Du fait de sa fonction, il s'est senti proche du monde paysan affamé de terre et s'est tourné vers cette critique de la propriété privée qui est un des lieux communs de la philosophie des Lumières.

En 1789 est publié son ouvrage "Cadastre perpétuel", sous-titrée "Démonstration des procédés convenables à la formation de cet important ouvrage, pour assurer les principes de l'assiette et de la répartition justes et permanentes et de la perception facile d'une contribution unique tant sur les possessions territoriales que sur les revenus personnels". En annexe, figure "l'exposé de la Méthode d'Arpentage de Mr Audiffred, par son nouvel instrument, dit graphomètre-trigonométrique". Les premiers fondements de cet ouvrage avaient été posés lors de la convocation de l'Assemblée des Notables en 1787. Les idées qui y étaient émises paraissaient alors utopiques : Babeuf proposait ainsi un système de partage de toutes les propriétés à raison de onze arpents par ménage. Semblable proposition, reflet de la loi agraire poussée à sa dernière limite,vint refroidir l'intérêt général que l'on portait au cadastre. Mais au lendemain de la prise de la Bastille, ces idées apparaîssent à Babeuf comme l'aboutissement du mouvement révolutionnaire.

Discours préliminaire Table des matières

Mais Babeuf est surtout connu pour la conspiration qu'il mena contre le Directoire ("conjuration des Egaux"). En septembre 1792, il est administrateur de la Somme et il est élu en novembre dans le district de Montdidier. Cependant, sa promotion locale est interrompue par une légereté administrative qui le fait destituer et condamner.; arrêté, puis libéré, il vivote à Paris de petits emplois dans l'administration des subsistances et garde de cette période une vive amertume contre le gouvernement révolutionnaire. Il salue Thermidor avec joie, mais change de cap rapidement devant l'orientation modérée des thermidoriens et des partisans de Robespierre. Bientôt, il utilise son journal "Le Tribun du Peuple" pour les attaquer, ce qui lui vaut d'être emprisonné, en particulier à la prison du Plessis, avec d'autres terroristes parisiens.
En l'an IV, il devient "Gracchus" Babeuf. Ce prénom romain évoque la loi agraire, le partage des terres. La théorie de Babeuf, le babouvisme, est fondé sur le partage des biens-fonds et la répartition égalitaire de la récolte par le magasin commun. De plus, pour Babeuf, le peuple est asservi et doit être libéré par une minorité insurrectionnelle très organisée et décidée à installer une dictature populaire. Ces idées, exprimées dans le Tribun du Peuple, rencontrent un grand écho pendant le terrible hiver 1796.
Le 27 Février, le Directoire fait fermer le club du Panthéon fréquenté par Babeuf, par le général Bonaparte, chef de l'armée de l'Intérieur. Un mois après est créé un "Directoire secret de salut public" de sept membres parmi lesquels on retrouve Babeuf. Pendant que ses militants utilisent les attroupements nés de la misère, Babeuf met en place ses agents dans chaque arrondissement et dans chaque corps de troupe pour le jour de l'insurrection. Les mesures qui doivent suivre l'insurrection sont prêtes : réquisitions de boulangers, distribution de pain gratuit, restitution des objets engagés au mont-de-piété, logement des pauvres chez les ennemis du peuple, etc...
Mais le Directoire est au courant du détail du complot et le 21 Floréal (10 mai 1796), les conjurés sont cueillis par la police. Le Directoire donnera à cette affaire la dimension moderne du "péril rouge". Après un long procès, Babeuf sera condamné et éxécuté en mai 1797, à Vendôme où une place devant l'abbatiale porte son nom. C'est par leurs camarades, emprisonnés ou acquittés, et notamment Buonarroti que la tradition des Egaux sera transmise à la gauche jacobine et socialiste du XIXème siècle.

Vers le haut

Vers Curiosités Cadastrales