Histoire du Cadastre

JEAN-JACQUES ROUSSEAU, ARPENTEUR

 

Rousseau arpenteur? Presque. Il habitait alors chez Mme de Warens à Chambery. C'était déjà un grand jeune homme, il manquait encore peut-être un peu d'expérience de la vie. C'est en tout cas aux conseils maternels de son hôtesse que Jean-Jacques doit de s'être engagé dans l'immense armée de géomètres et de mathématiciens employés par le duc de Savoie, pour réaliser les mappes.

Ce fut là un de ses premiers emplois rémunérés. Précisement, il fut préposé aux écritures du cadastre au bureau de Chambery à compter de septembre 1731. Comme il n'a pas véritablement de formation en topographie, son travail consiste à dessiner sur les mappes sardes la nature, les arbres, les feuilles, les herbes, les rochers et à porter les plans d'un bureau à l'autre. Mais il commence à s'ennuyer et va au bureau à contre cœur, ce qui entraîne après huit mois sa démission en juin 1732, à la grande fureur de Mme de Warens. 

Jean-Jacques Rousseau

Ainsi, la superficie d'un certain nombre de parcelles a sans doute été calculée par Jean-Jacques. Il affirme d'ailleurs lui-même dans ses "Confessions" avoir gagné à cette école une dextérité extraordinaire dans le calcul mental.

Il n'existait pas à l'époque de système décimal. Si bien que pour trouver en fin de compte en "journaux" de Savoir, on devait convertir les mesures relevées par les arpenteurs lombards par un système d'opérations très compliqué.

Il a d'abord fallu mesurer 4 millions de parcelles, dans les deux provinces savoyardes, puis, dans les bureaux, des équipes de géomètres et de mathématiciens étaient chargées de dessiner les plans, mais aussi d'exécuter les calculs de superficie et, après avoir classé les terrains selon leur usage, en trouver le rendement et finalement calculer l'impôt, selon le taux de la taille applicable.

Et c'est peut-être l'énormité de telles entreprises qui explique l'origine d'une frontière qui partage encore aujourd'hui le monde scientifique en deux zones distinctes : d'un côté les hommes de terrain, de l'autre les hommes de cabinet, que les recherches actuelles ont encore peine à réconcilier parfois!

Si Jean-Jacques se plaint au détour d'une page de l'aridité de son travail de cadastreur, on ne s'en étonnera pas. Car on sait que les Lombards étaient des patrons sans complaisance : les arpenteurs, par exemple, qui ne travaillaient pas les jour d'intempérie, n'étaient pas payés ces jours-là. On notait donc dans les registres qui nous sont parvenus le temps qu'il faisait, jour après jour.

Une mine de renseignements précieux pour les climatologues d'aujourd'hui, qui peuvent consulter ce journal météo avant l'heure, tenu durant huit ans. Mais ces indications ont aussi permis à certains critiques littéraires de faire quelques pointages à l'insu de l'auteur des "Confessions". Lorsque Jean-Jacques raconte, par exemple, qu'un jour radieux de juin, il s'en est allé aux cerises, on sait de façon certaine qu'il n'a pas inventé le soleil qui brillait dans ce verger-là.

Pour en savoir plus : www.terresdecrivains.com

 

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